Chrome: le navigateur devient votre régie publicitaire personnelle imblocable

Ça y est, les bloqueurs de publicité sont inutiles dans Chrome, alors que les mises à jour automatiques chez les utilisateurs et utilisatrices du monde entier introduisent un « nouveau système pour la vie privée » qui « donnent aux utilisateurs le choix sur les publicités qu’ils et elles souhaitent voir ».

On sait depuis longtemps que les bloqueurs de publicité bloquent beaucoup moins de choses sous Google Chrome que sous Mozilla Firefox, on arrive maintenant à la suite (et fin ?) logique de la tendance: c’est Chrome qui collecte dorénavant toutes les infos sur votre navigation et vend une liste des « sujets d’intérêt » définissant votre profil aux publicitaires. À priori, ce n’est pas la liste des sites que vous avez visités qui est envoyée telle quelle aux publicitaires. Mais Google les enregistre évidemment, tout comme ce que vous écrivez ou ce que vous racontez à portée de voix du navigateur.

Alors, il paraît qu’en tapant « chrome://settings/adPrivacy » dans la barre d’adresses, vous pourriez désactiver ce que fait cette nouvelle plateforme. Nous n’avons pas vérifié… pour nous, c’est une énorme goutte d’eau qui fait déborder un vase déjà plein à ras bord et, comme toujours, les promesses n’engagent que ceux qui les croient…

Si vous utilisez le navigateur Chrome et que vous avez jamais souhaité faire un geste pour la planète (et pour vous-même), c’est facile, installez le navigateur Firefox, développé par une fondation à but non lucratif. Installez l’extension ublock origin et vous serez impressionné·es par la disparition des encarts publicitaires.

sources: https://arstechnica.com/gadgets/2023/09/googles-widely-opposed-ad-platform-the-privacy-sandbox-launches-in-chrome/

Google Chrome ou Firefox ? La vie privée en jeu

Google lance une nouvelle attaque contre la vie privée. Que faire ? Plus simple que prendre le maquis, il faut cliquer avec la souris, utiliser un autre navigateur web et faire passer l’info.

Tout le monde sait que le premier « business model » de Google est le pistage des internautes et la revente des données aux publicitaires.

On sait déjà que le navigateur Google Chrome (et Chromium) bloque moins la publicité que le navigateur Mozilla Firefox.

On sait que dans une future mise à jour, le navigateur Google Chrome va empêcher les développeurs d’extensions anti-pub à bloquer efficacement la publicité (« Manifest v3 »).

Ce mois-ci, Google a lancé une nouvelle proposition de standard web. Elle permettrait aux créateurs de sites webs (et donc, les publicitaires) de s’assurer que les sites sont affichés sans restriction et donc, avec toutes les publicités, banières, cookies traceurs, etc.

Google ne peut imposer ses standards du web que parce que son navigateur web a une part de marché majoritaire.

Il y a une solution très simple pour dire « non », et pour dire « oui » à un web ouvert, à un web où les entreprises de pistage ne font pas ce qu’elles veulent de nous: désinstaller Chrome ou Chromium et utiliser Mozilla Firefox.

Firefox est un logiciel libre développé par une fondation à but non lucratif (avec des millions de budget, l’un n’empêche pas l’autre ; ). C’est historiquement le navigateur qui a cassé le monopole de Microsoft sur les navigateurs à l’époque d’Internet Explorer. Mozilla est à la pointe des technologies web aujourd’hui. Firefox a connu une période de transition où il était moins rapide que Chrome, mais ce n’est aujourd’hui plus le cas. Bref.

Si vous souhaitez vous battre pour le web tel que vous l’aimez, vous ne risquez pas grand chose. Ne prenez pas le maquis. Trois clics suffisent.

image: arstechina.com: « web integrity API »

La ville de Lyon abandonne Microsoft pour les logiciels libres

C’est une nouvelle plus que réjouissante qui nous parvient de la Tribune de Lyon: le 7 juillet dernier, la ville de Lyon a validé «la bascule progressive d’une dépendance, depuis 20 ans, aux outils Microsoft, pour aller vers un recours général au logiciel libre». Ce changement vise l’environnement numérique des agents municipaux: les outils de l’intranet, l’édition de fichiers de bureautique, la messagerie électronique, les autres outils de communication (messagerie instantanée, visioconférence…).

L’article évoque bien une problématique de souveraineté numérique, ainsi que le coût estimé de la transition, mais est bien chiche en informations. Quel est leur plan ? Quel est le coût des licences Microsoft actuelles ? etc

Affaire à suivre, mais bonne nouvelle néanmoins.

Nous espérons que ce changement permettra à de nombreux agents d’apprécier des logiciels libres que nous utilisons au quotidien (ne serait-ce que le navigateur Firefox, à préférer à Google Chrome, ou LibreOffice), que cela fera tâche d’huile, et que cela amènera des fonds pour le développement de ces logiciels. Les fonds publics qui partent en achats de licence chez le géant états-unien peuvent être ré-investis chez des acteurs français ou européens du logiciel. Libre.

Documentaire Arte: Sous les radars des algorithmes

Un documentaire qui donne des pistes d’émancipation des géants du web, c’est pas banal ! Le tout en voyageant, notamment en Allemagne, à Hong-Kong ou au Maroc.

Comme alternative à Facebook, en pensant notamment aux évènements, le docu (et les acteurs interviewés) se tournent vers Mobilizon de Framasoft: https://mobilizon.org/ À nous de l’adopter également !

https://www.arte.tv/fr/videos/100750-000-A/disparaitre-sous-les-radars-des-algorithmes/

Google retire de Chrome une extension anti-pistage. Utilisons Firefox !

Hier, Google a retiré du « webstore » du navigateur Chrome l’extension CleanURLs. Elle était normalement disponible à cette adresse: https://chrome.google.com/webstore/detail/clearurls/lckanjgmijmafbedllaakclkaicjfmnk, qui répond maintenant avec une erreur 404 (« non trouvé »).

C’est juste un nouveau petit exemple de comment Google ne construit pas des produits qui nous veulent que du bien. De la même manière, au fil du temps, il devient de plus en plus dur pour les développeurs d’extensions de proposer des bloqueurs de publicité efficaces, qui la bloquent intégralement sans vous pister un peu avant. Bref, Google avec son hégémonie arrive à nous enfermer dans son monde dystopique un peu plus chaque jour. Avant de déprimer, il y a un geste simple à faire: installer et utiliser le navigateur Firefox: https://www.mozilla.org/fr/firefox/new/

Que fait cette extension de mal ? Elle enlève des URLs les éléments qui permettent au site de suivre l’internaute à la trace. Par exemple, sur Amazon, on navigue avec des URLs qui ressemblent à:

https://www.amazon.com/dp/exampleProduct/ref=sxin_0_pb?__mk_de_DE=ÅMÅŽÕÑ&keywords=tea&pd_rd_i=exampleProduct&pd_rd_r=8d39e4cd-1e4f-43db-b6e7-72e969a84aa5&pd_rd_w=1pcKM&pd_rd_wg=hYrNl&pf_rd_p=50bbfd25-5ef7-41a2-68d6-74d854b30e30&pf_rd_r=0GMWD0YYKA7XFGX55ADP&qid=1517757263&rnid=2914120011

Or, presque tout sert à suivre l’internaute à la trace (de quel site vient-il, quelle page a-t-il vu avant et certainement bien d’autres informations…). Sans ces informations, on peut quand même voir la fiche du produit avec cette URL:

https://www.amazon.com/dp/exampleProduct

Donc, Google a rendu cette extension introuvable pour un utilisateur du navigateur Chrome (elle est toujours installable manuellement). Pour les développeurs, la raison est très simple, c’est que l’extension fait de l’ombre au modèle économique de Google, et qu’elle a un grand nombre d’utilisateurs.

L’équipe a lancé un recours, et avec le bruit que l’affaire peut avoir sur les forums internet, ce n’est pas impossible que l’extension soit de nouveau disponible.

Mais si vous en avez marre d’être un jouet des géants du web, vous pouvez commencer par un geste très simple: utiliser le navigateur Mozilla Firefox: https://www.mozilla.org/fr/firefox/new/ Il est développé par une fondation à but non lucratif, qui n’a donc pas d’intérêts commerciaux à enlever des fonctionnalités qui protègent la vie privée des utilisateurs et utilisatrices. Au contraire, Mozilla a fait de Firefox son projet porte-étendard pour défendre la vie privée sur internet. Le navigateur reçoit régulièrement de nouvelles fonctionnalités qui le rendent plus sûr.

Évidemment, c’est un logiciel libre (et gratuit). Et si vous vous demandez, il est au moins aussi rapide que Chrome (voire plus depuis le lancement de la nouvelle architecture « Electrolysis » depuis quelques années).

Et si vous voulez tester CleanURLs sur Firefox, c’est ici: https://addons.mozilla.org/en-US/firefox/addon/clearurls/

  • si vous souhaitez en savoir un peu plus sur les logiciels libres, commencez par là: https://framastart.org/
  • en fait, quand passez-vous à Linux ? 🙂

Nouveau cas de site censuré par Facebook. Depuis 2017 Facebook réduit la visibilité des médias de gauche.

Depuis le 15 octobre, le journal en ligne Rapports de force a été totalement évincé de Facebook: tous les liens vers leur site sur tous les comptes utilisateurs ont été supprimés, plus personne ne pouvait poster de lien menant vers ce site:

https://rapportsdeforce.fr/pouvoir-et-contre-pouvoir/notre-eviction-de-facebook-pourrait-signer-la-fin-prochaine-de-rapports-de-force-10228320

Bien entendu, aucune explication n’a été donnée, mais il semblerait que ce soit suite à la publication de cet article, à propos de « la mobilisation nationale contre la répression subie par quatre enseignant.e.s d’un lycée, à Melle dans les Deux-Sèvres».

Le 2 novembre, le journaliste annonçait lancer une procédure judiciaire contre Facebook. Le lendemain, il était de nouveau possible de poster des liens vers ce site.

Rapport de force possède son propre système de publication, mais la grande majorité de ses lecteurs, et donc des dons qui font actuellement vivoter le journaliste, venaient des partages sur Facebook. Cet acte de censure le mettait donc en grand danger.

On ne peut pas s’étonner d’un tel acte de modération ni dire que «c’est dégueulasse» et réclamer des droits et des garanties sur les publications Facebook: ce réseau «social» est une entreprise privée qui dicte ses propres règles. Ce qu’on peut retenir de ce nouvel exemple, c’est que non, on ne peut pas «utiliser Facebook à bon escient», non, on ne peut pas l’utiliser de manière «neutre» vu qu’il n’est pas neutre en soi, non, on ne peut pas s’informer correctement sur Facebook et oui, l’utiliser a un impact direct: sur soi, sur ce que l’on peut y lire, sur sa perception du monde, sur ses propres idées. Est-ce que vous voulez vraiment laisser une influence sur votre cerveau à cette entreprise ?

Et non, ce n’est pas du tout la première fois que ce genre de chose arrive. Le NouvelObs titre que depuis 2017, Facebook a intentionnellement diminué la visibilité des médias de gauche: https://www.nouvelobs.com/elections-americaines-2020/20201018.OBS34892/facebook-a-reduit-la-visibilite-des-medias-de-gauche-tout-en-restant-critique-des-deux-bords.html

«Facebook a modifié en 2017 l’algorithme de son fil d’actualité pour réduire la visibilité des sites américains d’informations de gauche, rapporte le « Wall Street Journal ». Son PDG Mark Zuckerberg a lui-même approuvé ces modifications. Parmi les sites affectés, Mother Jones, dont le directeur éditorial Ben Dreyfuss indique que les dirigeants de Facebook lui ont assuré plusieurs fois, en 2017 et 2018, que le trafic pourrait diminuer, mais pas de façon à favoriser ou défavoriser un groupe donné d’éditeurs.

En 2019, Mother Jones a constaté la forte baisse de son audience sur le réseau social, soit une perte d’environ 600.000 dollars en 18 mois, indique le journal en ligne The Verge. Les dirigeants de ce média à but non lucratif créé en 1976 ont d’abord pensé que leur site était une victime collatérale d’une politique ne les visant pas particulièrement, mais ils ont constaté que leur situation ne cessait d’empirer, comme l’a tweeté sa PDG Monika Bauerlein.»

Mediapart fait état des mêmes observations en 2019 pour des groupes de «gauche radicale»: https://www.mediapart.fr/journal/france/290819/facebook-aneantit-l-audience-d-une-partie-de-la-gauche-radicale?onglet=full

Ils s’appellent Lille insurgée, Bretagne noire, Collectif Auto Média énervé, Cerveaux non disponibles, Groupe Lyon Antifa… Plusieurs collectifs qui administrent des pages Facebook font état depuis quelques jours de la chute libre du nombre de vues sur leurs publications, alors qu’elles touchaient jusque-là des milliers de lecteurs, souvent des dizaines de milliers, parfois des centaines.

Vous-même pouvez être censuré·e pour de drôles de raisons. Un témoignage de lectrice:

Je viens de quitter mon compte perso Facebook suite à 2 blocages: 1 sur un article sur la démocratie participative et le 2ème à cause d’une blague sur le covid !!!

Publier sur Facebook peut s’avérer dangereux: https://www.nextinpact.com/news/108067-des-posts-sur-facebook-peuvent-justifier-non-renouvellement-dun-titre-sejour.htm

Et l’on sait que ce qu’on y lit est clivant, et a tendance a être fascisant: https://www.liberation.fr/futurs/2017/03/12/facebook-un-mois-dans-la-machine-a-infos_1555220

Quelles alternatives ?

Lisez les sites internet directement, utilisez un lecteur de flux RSS, lisez les agrégateurs de nouvelles (type portail.bastamag.net), achetez de (bons) journaux en kiosk, furetez en librairie (indépendante), arrêtez Facebook, prenez le temps, essayez-vous à Mastodon ou à Diaspora (mais c’est pas obligé)… et ne vous ruez pas sur Twitter, Whatsapp ou autres « alternatives » qui n’en sont pas !

Comment une municipalité d’Istanbul est passée à LibreOffice et GNU/Linux

Ici on aime les exemples concrets d’administrations ayant fait la transition d’un monde propriétaire windows-ien à des logiciels libres. C’est le cas pour la municipalité d’Eyüpsultan à Istanbul, tel que raconté par un de ses acteurs.

Ce qu’ils mettent en avant dans leur retour d’expérience est l’accent mis sur la formation avant la transition. Ils ont d’abord formé leurs équipes à LibreOffice. Ce n’est que lorsque l’utilisateur réussissait un petit examen final qu’ils lui changeaient son logiciel de bureautique.

Un an plus tard, même processus pour passer à une distribution GNU/Linux (une distribution développée par le gouvernement turc, basée sur Debian). Après une étude préalable, qui les motive à installer un thème graphique très similaire à Windows sur leur distribution GNU/Linux, chaque travailleur a été formé, a passé un petit examen de validation, et est passé à Linux. Celles et ceux n’ayant pas réussi l’examen du premier coup ont eu droit à des sessions de rattrapage.

Les ordinateurs gratuits de La Banque Postale (il y a un loup)

J’ai reçu dans ma boîte aux lettres, comme beaucoup d’autres clients de la Banque Postale, une offre qui paraît un incroyable: contre un abonnement à un magazine, et encore à prix réduit, la Banque Postale nous offre un ordinateur portable ! Un ordinateur, c’est toujours pratique, et si on n’en a pas besoin on pourrait toujours le refiler à un·e ami·e ou le revendre, non ?

Je passe sur le « même si on n’en a pas besoin », raisonnement producteur de déchets, car je plaide coupable… et j’attire votre attention sur les caractéristiques de l’ordi que je n’ai pas vues du premier coup d’œil:

  • son écran fait 25cm de diamètre
  • il tourne sous Android
  • il possède 1Go de mémoire vive

Ainsi, il est minuscule et ne vous servira pas à grand chose. C’est un hybride ordinateur-smartphone (où « smart »=renseignement dans sa signification originale anglaise 😉 ), où vous ne pourrez rien installer sur le PC et vous devrez utiliser les services Google en ligne, et il est tellement peu puissant que vous ne pourrez rien faire d’utile. Je ne suis même pas sûr qu’on puisse installer facilement une distribution GNU/Linux. Et de toutes les manières, on ne pourrait presque rien faire à cause des 1Go de RAM. Un navigateur web qui va sur Facebook les dépasse déjà.

Autant s’abonner à un magazine de son choix ou l’acheter de temps en temps en kiosque, sans s’encombrer d’une nouvelle merdouille électronique.

Pour rappel, si vous ou un proche avez besoin d’un PC bien et pas cher, je recommande le site ordi-solidaire.fr, qui reconditionne des machines d’entreprises (on peut donc en trouver des biens), pour pas cher, avec Ubuntu ou Debian déjà installés et configurés. J’en ai une bonne expérience, scanner et imprimante ont été reconnus de suite.

Comment et pourquoi de gros studios d’animation adoptent le logiciel libre Blender

Aujourd’hui nous allons voir une très bonne illustration de comment des entreprises peuvent mettre des ressources en commun pour faire évoluer un logiciel libre, et pourquoi. Ce n’est pas forcément facile quand on ne connaît pas le monde des logiciels libres de se rendre compte de la diversité des acteurs qui les construisent et des divers modèles économiques. On a là un bon exemple.
Blender est un logiciel de modélisation 3D. Il permet de créer des films d’animation, tel que ce dernier film de démonstration. C’est un logiciel libre, et oui, il est de plus en plus adopté par les studios. On va voir qui l’adopte, pourquoi et comment.
Le site LinuxFr nous offre régulièrement des dépêches détaillées sur le monde des logiciels libres. Extraits choisis.

Blender 2.8, la consécration

«Cette série 2.8 marque un pas important dans l’histoire du logiciel, non seulement par les nombreux changements de fond qu’elle apporte (nouveau moteur de rendu pour le rendu final et la prévisualisation depuis l’interface, nouveaux outils, une interactivité améliorée, etc.) mais aussi par l’insertion de ce logiciel dans le milieu professionnel. On notera que le programme de soutien financier au développement de Blender compte maintenant des entreprises comme Google, Ubisoft ou encore Epic Games. Il semble que Blender, avec son modèle libre, commence à convaincre l’industrie 3D.»

Les signes de la reconnaissance publiques

«La Fondation Blender a ouvert un fonds de développement Blender dans le but d’engager des développeurs à temps plein, sur la base de 5 000 € nécessaires par mois et par développeur. Ce fut un franc succès puisque, au jour de l’écriture de cet article, ils lèvent environ 92 000 € par mois (soit la capacité d’engager dix‑huit développeurs).»

Entreprises donatrices: Google, Intel, Cube, Tangent, Epic Games, Ubisoft, Studio Khara,…

Des films primés

«le gagnant du prix « Cristal du long métrage » au festival d’Annecy cette année, J’ai perdu mon corps, a la particularité d’avoir été produit avec Blender !»
«Blender était le seul logiciel qui possédait la fonctionnalité dont ils avaient besoin. Pour paraphraser ce que le réalisateur a dit en début de séance : sans Blender, le film n’aurait tout simplement pas pu être produit. Ladite fonctionnalité est le « Grease Pencil », qui a permis de dessiner l’animation en rotoscopie au‑dessus de la 3D.»

«que ce soit la série Walking Dead, le film hollywoodien Wonder Woman, ou le dessin animé en production Evangelion: 3.0+1.0, Blender semble désormais partout et les studios semblent de plus en plus intéressés à y passer…»

Pourquoi les studios passent à Blender

(Extraits d’un commentaire d’un développeur de Gimp)

Le coût et le contrôle du développement

[…]

En général, la question des licences revient beaucoup comme une des raisons principales bien sûr. On dit souvent qu’un poste professionnel coûte ainsi environ 10.000€ par an. C’est bien sûr une approximation, ça peut être moins ou plus, en fonction des logiciels utilisés et de leur nombre, etc. Mais cela donne une bonne idée du coût des logiciels propriétaires dans le milieu de l’infographie.

Maintenant imaginez juste une vingtaine de postes pour une production (ce serait une petite production, 20 personnes, c’est pas énorme, regardez n’importe quel générique de film), ça fait ~ 200.000€. Avec ça, on paye plus de 3 développeurs (j’utilise le coût de 5000€ par mois par développeur, estimation utilisée par la Blender Foundation). Donc imaginez si un studio peut économiser sur toutes ces licences en utilisant seulement des logiciels libres et utiliser cet argent pour faire évoluer le logiciel dans la direction qui leur convient (bien plus efficace que demander à un éditeur propriétaire car on contrôle directement le développement et qu’on fait jouer directement nos priorités sur les développeurs qu’on engage; donc aussi plus rapide, et moins coûteux). Même avec une production spartiate qui arriverait à payer moins de licence, ce raisonnement tient encore (même à 3 fois moins de licence, on peut payer bien 1 bon développeur à plein temps; et rien que ça, ça change tout).

La dépendance

TLDR; les gros logiciels aussi peuvent être rachetés, être arrêtés même s’ils ont du succès, et être indisponibles dans un pays entier suite à un embargo ! (le Vénézuela et la suite Adobe)

Une autre raison est qu’on est forcément dépendant d’un éditeur de logiciel propriétaire.

Par exemple en 3D, historiquement 3DS Max et Maya étaient de gros concurrents… jusqu’à ce qu’Autodesk (développeur de 3DS Max) rachète Maya (et les autres logiciels du même éditeur). La concurrence est donc globalement absente dans les gros de la 3D propriétaire, ou du moins totalement superficielle (puisqu’on choisit entre des logiciels du même éditeur).

Puis il y a le problème de la disparition des logiciels. Bien sûr, il y a la possibilité d’un éditeur en faillite (ça peut toujours arriver, des fois, une entreprise peut avoir l’air en forme vue de l’extérieur sans pour autant l’être réellement). Puis il y a les choix de direction d’entreprise. Pour rester avec Autodesk, ils avaient fait parler d’eux par exemple en tuant Softimage, un autre logiciel 3D qu’ils avaient acheté d’Avid en 2008 et qui concurrençait aussi 3DS Max et Maya. D’ailleurs rien ne dit qu’un jour ils ne décideront pas de faire de même pour l’un des deux quand ils en auront assez de la redondance.

On connaît aussi tous la suite Adobe, très présent en infographie (bien que moins majoritaire dans la 3D même s’ils ont quelques logiciels). En info un peu plus proche temporellement, ils ont ainsi racheté Allegorithmic en 2019, une startup française qui commençait à faire parler d’elle pour la création de textures pour le travail de la 3D. Les articles qu’on trouve semblent tous excités de la nouvelle, suivant le communiqué de presse officiel (on se demande parfois s’ils font la moindre recherche ou réflexion propre), mais sur les réseaux sociaux et les forums divers et variés (là où voit vraiment les utilisateurs, professionnels et amateurs), c’est une toute autre histoire. Les gens sont globalement très mécontents. Ce sont les mêmes problèmes qui reviennent, notamment celui des licences. Allegorithmic avait une licence à vie; dans leur annonce, ils disent « When it comes to licensing, nothing changes for now. […] As we join the Adobe family, we will also unveil new and more flexible subscription offers in the coming months« , et en effet quand on vérifie, leurs produits sont maintenant louable à inscription mensuelle, plus en licence perpétuelle. Puis bien sûr, il y a la peur de voir le produit disparaître à terme, comme tant d’autres logiciels rachetés.

Voilà, c’est donc le problème de ces logiciels. On est à la merci des éditeurs et de leurs sautes d’humeur et on n’a aucun contrôle sur leur devenir. Et c’est clairement une des raisons du succès de Blender ces dernières années. Les gens du milieu sont clairement de plus en plus mécontents des logiciels propriétaires au fil des années. C’est vrai pour la 3D comme pour la 2D d’ailleurs. Aryeom (réalisatrice de notre projet que vous connaissez ici, ZeMarmot) donne quelques cours de retouche/restauration numérique et d’illustration avec GIMP à l’université depuis 2 années maintenant (on est venu la chercher, ce n’était même pas prévu), et les étudiants (une classe de 3D/patrimoine et une classe infographie), de même que le directeur de la licence, en sont super contents. Je pense qu’on est en train de vivre un transfert des forces depuis quelques temps, et c’est bien!

Merci aux contributeurs et contributrices de cette dépêche. J’espère que cela vous permet de mieux comprendre la diversité des acteurs des logiciels libres, de vous rendre compte que oui, ils peuvent être sacrément costauds, sérieux et professionnels, et que cela vous encourage encore plus à faire un premier pas vers les logiciels libres, voire à passer à un système d’exploitation libre !

Un bon documentaire sur Arte: La Bataille du Libre. Enjeux en agriculture, santé et partout ailleurs

Le documentaire La Bataille du Libre (dont on voit en fait la version courte, intitulée «Internet ou la révolution du partage»), est visible sur Arte jusqu’au 4 août 2019. Et il vaut le coup !

« Leur terre est morte et ils ne la possèdent même plus, ils sont endettés auprès de banques. Il faut des engrais sinon rien ne pousse. Les graines sont propriétaires, elles sont OGM. Le tracteur est conduit par une machine informatique, ils n’ont pas le droit de le réparer. Qu’est‐ce qu’il leur reste comme autonomie ? »

Le docu montre concrètement la conséquence de l’enfermement des utilisateurs et utilisatrices, et que cela va bien au-delà de nos logiciels sur l’ordinateur. De l’Inde aux États‐Unis, il va à la rencontre de celles et ceux qui expérimentent des outils d’émancipation pour apporter des solutions concrètes : dans l’alimentation, avec les semences libres, dans la santé, avec des médicaments open source, ou dans l’éducation, grâce au libre accès à la connaissance.

Vous pouvez lire une plus ample présentation sur ce site de geeks: https://linuxfr.org/news/l-enjeu-de-la-bataille-du-libre-la-reappropriation-des-savoir-faire

et wikipédia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Internet_ou_la_r%C3%A9volution_du_partage

Du coup, pour passer aux logiciels libres chez vous en douceur, ne loupez pas:

  • https://framastart.org/
  • https://framalibre.org/, un annuaire de logiciels et autres ressources (livres, musique, jeux…) libres. On peut y trouver des alternatives aux logiciels habituels, et il y en a sûrement plus et de meilleure qualité que ce que vous ne pensez. Par exemple, Darktable pour le développement de photos RAW est excellent.

Et faites un premier pas hors de Facebook !