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Des nouvelles du front libre – Facebook, Diaspora, Mastodon et leurs amis

Voilà quelques mois que l’on n’a pas donné de nouvelles, mais les projets continuent leur bonhomme de chemin. Nous réalisons une petite veille sur Framasphere (Diaspora): https://framasphere.org/u/sortirdefacebook Voici un condensé (mais forcément incomplet).

 

Ces derniers mois a vu l’explosion de Mastodon, un service de microblogging, donc une alternative libre et décentralisée à Twitter. Framasoft a ouvert une instance: https://framapiaf.org/ mais d’autres hébergeurs du collectif CHATONS en proposent également: https://framablog.org/2017/04/07/les-chatons-sattaquent-a-loiseau-twitter-grace-a-mastodon/ Même l’État a ouvert une instance pour les adresses en .gouv.fr !

Si vous ne savez pas ce qu’est Mastodon, nous suggérons cet tour complet: https://aldarone.fr/welcome-to-mastodon/

Et allez, une autre solution de tchat: https://matrix.org/docs/projects/client/riot.html

 

Framasoft nous a livré encore plus de choses. L’annuaire des logiciels libres a -ça y est !- été totalement refait ! Des centaines de notices de logiciels libre pour toutes plateformes (linux, windows, android,…) mais pas seulement, il y a aussi des chroniques d’autres ressources libres.

des articles du Framablog:

L’information sur Facebook est clivante, énervée et fasciste: http://www.liberation.fr/futurs/2017/03/12/facebook-un-mois-dans-la-machine-a-infos_1555220

Pauvres gens sur Facebook 😦

Encore une différence entre Facebook et Diaspora:

Facebook VS Diaspora

Hubzilla est la continuation de Friendica et a sorti une nouvelle version: https://hubzilla.org/channel/hubzilla

Le magazine l’Age de Faire écrit de bons articles sur les logiciels libres.

Yacy

Saviez-vous que l’on peut choisir la langue des résultats de Yacy, le moteur de recherche en pair-à-pair ? (oui, les résultats doivent s’améliorer un peu).

Ubuntu est disponible sous Windows 10. Pour le moment pas d’applications graphiques, c’est une aide pour les développeurs. Microsoft utilise et produit de plus en plus d’open-source.

 

Des gens continuent de passer de Windows à un système GNU/Linux.

Par exemple 4 000 écoles espagnoles de l’Aragon (sur 30 000). L’armée italienne.

Les mamies aussi  ! Et vous, c’est pour quand ?

 

Linphone 4 est sorti

https://linphone.org/

 

La Mère Zaclys, un hébergeur de services associatif, élargie sa palette avec le mail et le cloud (hébergement de documents, photos comprises).

 

Un article sur l’esprit totalitaire de la Silicon Valley et comment on délègue son libre-arbitre aux algorithmes: http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/big-data-algorithmes-l-esprit-porte-par-la-silicon-valley-est-totalitaire_1841095.html

 

C’est tout pour aujourd’hui. Si ça vous dit de participer aux nouvelles de ce site et mises à jour de la brochure, laissez un petit mot !

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Alternative à google: Searx et Framabee 0.10

Searx est un méta-moteur de recherche qui met l’accent sur le non-espionnage de l’utilisateur et que l’on peut installer soi-même. Une nouvelle version est sortie le 6 septembre, qui amène son lot de nouveautés. Pour rappel, vous connaissez déjà Searx car Framabee.org en est une instance publique.

Un méta-moteur de recherche

Searx est un méta-moteur de recherche: il effectue ses recherches sur les moteurs déjà existants (google, bing, yandex, duckduckgo,…) et mélange les résultats. L’intérêt est de ne pas être pisté et… de pouvoir ajouter plein de fonctionnalités.

En effet, Searx agit comme un intermédiaire entre l’internaute et, disons, google, ce qui permet de filtrer quelques informations personnelles qui serviraient à google d’établir un profil de l’utilisateur, et empêche le vrai moteur d’en apprendre plus sur nous avec des cookies, etc. C’est déjà énorme, mais cela mériterait malgré tout quelques explications plus précises, et nous n’en trouvons pas sur le site officiel. De plus, MySearch, qui se base uniquement sur google pour avoir ses résultats, ce qui peut être bien mais est aussi critiquable, étant donné la modification incessante de ses algorithmes et la mise en avant de ses propres services, bref MySearch se targue d’être vraiment sécurisant, lui, mais son développeur n’explique pas les différences…

Mise à jour: le développeur de MySearch, Tuxicoman, nous explique dans un commentaire, ne manquez pas de le lire !

Searx n’est donc pas une vraie alternative à Google et consorts, puisqu’il se base sur ses résultats. Désolé :/ Il existe de vrais moteurs de recherche libres, comme Yacy, de plus décentralisé, qui indexent eux-mêmes tout le web, mais malheureusement pour les avoir testés ils ne sont pas prêts (résultats dans toutes les langues, résultats très moyens,…).

Il peut chercher sur plein de sites

Une force de Searx est son système de moteurs supplémentaires pour lancer des recherches plus précises sur des sites spécialisés. Ainsi, si on choisit de chercher de la musique (case à sélectionner dans la recherche avancée), Searx va chercher à la fois sur youtube, souncloud, deezer, thepiratebay et d’autres. Et cette liste est modifiable à notre souhait dans les préférences, section « Engines ».

Searx connaît donc près de 70 sites ressources.

Les !bangs

Soit dit en passant, Searx a intégré le systèmes des !bangs, comme Duckduckgo. C’est simple: vous ajoutez un point d’exclamation et le code d’un site pour chercher sur ce site-là. Par exemple, écrire « !yt céline dion » cherchera uniquement sur youtube.

On peut voir la liste des bangs dans les préférences, section « Engines », colonne « shortcuts ».

On a donc « wp » pour wikipédia (mais autant son moteur intégré à firefox non ?), « !tpb » pour thepiratebay (mais qui est succeptible de casser…), « !osm » pour openstreetmap, « !sc » pour souncloud, etc. On peut enchaîner les bangs.

(remarque: pour le moment, il faut écrire le bang en début de requête uniquement, alors que duckduckgo le permet à n’importe quelle place. Suivre cette demande.)

Autres options

Un système de plugins permet d’activer ou de désactiver certaines fonctionnalités. Par exemple, le scrolling infini (pas la peine de cliquer sur « prochains résultats », la page en affiche automatiquement d’autres), qui est une nouveauté de la version 0.10, n’est pas activé par défaut. On peut bien sûr changer la langue de l’interface.

 

Voilà, soyez sympa, donnez sa chance à Searx ou Framabee 🙂

Sachez que si vous avez des idées d’améliorations, vous pouvez les proposer sur le site de développement, sur lequel vous pouvez aussi ajouter un vote « +1 » sur un bug ou une demande de fonctionnalité en attente. Ça influencera les développeurs à choisir quoi faire.

Merci de votre attention !

Nouvelle version majeure de Diaspora

Diaspora* 0.6 vient d’être publiée ce samedi 27 août 2016. C’est une grosse version pour ce réseau social décentralisé. On peut apprécier notamment un éditeur de Markdown visuel pour facilement mettre en forme ses publications, des thèmes de couleurs pour l’interface, la possibilité de rendre toutes les informations de son compte publiques (afin d’utiliser Diaspora comme un blog ou un site vitrine), la géolocalisation avec Open Street Map, la transformation de Diaspora* en fournisseur OpenID ou l’amélioration de la fédération dont le code vit maintenant dans un greffon à part.

Cet article, rédigé par votre serviteur et plusieurs contributeurs, a d’abord paru sur linuxfr. J’ai ici gommé quelques termes techniques.

Logo de diaspora*



Depuis quatre ans que le projet a été « remis dans les mains de sa communauté », depuis la dernière version majeure en mai 2015, ce sont 15 développeurs bénévoles qui ont travaillé pour nous apporter les fonctionnalités suivantes.

Utilisateurs

Éditeur de Markdown WYSIWYG

Diaspora utilise la syntaxe Markdown pour mettre en forme les publications. Avec l’intégration de bootstrap-markdown, un nouvel utilisateur n’est plus obligé d’apprendre sa syntaxe pour mettre en forme ses messages.

Animation de l'éditeur

Thèmes graphiques

Il est maintenant possible de choisir un thème graphique parmi une liste qui propose pour le moment :

  • le thème sombre par défaut
  • le thème sombre mais avec un fond blanc (comme avant)
  • noir et vert
  • magenta
  • bleu

Exemple d’un thème noir et vert pour mobile :

thème noir et vert pour mobile

Géolocalisation avec OpenStreetMap

On peut montrer sa géolocalisation avec OpenStreetMap :

Interface pour mobile

L’interface pour mobile a été améliorée : elle montre les sondages, la localisation des publications, permet de se connecter à d’autres services (Facebook, WordPress, Tumblr, Twitter) et de modifier ses paramètres de confidentialité. L’interface de bureau devrait bien s’adapter à votre téléphone également.

Le tchat : travaillé mais pour la v0.7

Le tchat (basé sur XMPP) est dans la branche « stable », il est activable par un administrateur de pod, mais il n’est pas fini. Il paraît qu’il est utilisable mais pas à grande échelle, donc il n’est pas inclus par défaut. Il est marqué pour la v0.7.

On peut noter que le tchat de Diaspora ne servira pas uniquement à parler avec les utilisateurs de Diaspora, mais à tout le monde. C’est à dire, on pourra ajouter des contacts qui ne font pas partie de nos contacts Diaspora.

Le tchat ne sera pas activé pour tout le monde par défaut, il faudra l’autoriser pour chaque groupe d’amis (ou aspet).

Interface

L’interface utilisateur utilise plus le « flat design » et propose une nouvelle page d’accueil.

Administration

Pour les administrateurs de pods, la page de modération a été re-pensée et une nouvelle page montre tous les pods avec lesquels le sien communique et l’état des connexions.

Code de la fédération ré-écrit et extrait dans une autre bibliothèque

Un gros travail a été fait également sur la partie fédération : « vous ne croirez pas le nombre d’améliorations qu’on a amenées au protocole. La fédération fonctionne maintenant comme elle le devrait – immédiatement, de manière sûre et invisible. Ce qui était la faiblesse de Diaspora* renaît comme sa plus grande force. ». « Cela signifie que vous pouvez inclure ce code dans votre application et elle sera capable de « parler » à Diaspora* ! »

Par exemple, la fédération des tags a été améliorée. Oui, car les tags n’étaient pas fédérés : les autres pods n’étaient pas au courant que nous suivons un tag, donc si nous n’étions pas abonnés aux messages du posteur, nous n’allions pas trouver les mêmes publications sur différents pods. Après quelques discussions et propositions, des améliorations ont été apportées.

La fédération des tags est maintenant en partie possible par l’intermédiaire des serveurs relais de posts publics. Un pod peut choisir de diffuser ses posts publics sur un serveur relai et de s’abonner à ce même serveur relai pour recevoir tout ou partie des posts publics des autres pods diffusant sur ce relai. La sélection peut être faite sur la base de tags définis par l’administrateur du pod et en ajoutant éventuellement les tags des utilisateurs.

Diaspora devient un fournisseur OpenID

Les développeurs de sites web peuvent maintenant placer un bouton « se connecter avec Diaspora ».

Ce qui est prévu

Évidemment plein d’autres choses sont prévues ou en discussion.

Depuis la version majeure 0.5.0.0, Diaspora* est passé à un rythme de publication d’une version mineure toutes les 6 semaines. On peut voir l’enchaînement des sorties de version sur github.

Les versions mineures servent à corriger des bogues et à peaufiner les fonctionnalités sorties dans une version majeure selon les retours des utilisateurs sans avoir à attendre une future version majeure. En effet, contrairement au cycle bien défini des versions mineures, les versions majeures ne sortent que « quand elles sont prêtes ». Cela a par le passé laissé des bogues gênants bien trop longtemps dans la branche stable master

Après la sortie de diaspora* 0.6, les développeurs ont eu une réunion sur IRC pour discuter notamment du contenu de la prochaine version majeure. On notera donc :

  • La continuation du travail sur la fédération, qui doit se faire sur plusieurs versions pour ne pas casser la compatibilité entre les pods
  • la stabilisation du front-end du tchat (suivre le sous-répertoire JSXC)
  • des améliorations pour les sondages
  • que Senya, après sa campagne participative réussie, continue à travailler à temps plein sur la migration de comptes (et tout problème qu’il rencontre sur sa route). On peut le suivre via son hashtag.

Et d’autres fonctionnalités sont réclamées et attendent leurs développeurs :

Conclusion

En chiffres, Diaspora* c’est 600 000 utilisateurs, 300 pods d’actifs, 16 500 comptes d’actifs dans le mois, 55 000 dans les derniers 6 mois, Framasphere, le pod mis en place par Framasoft dans le cadre de dégooglisons Internet, étant le 5^e plus gros pod en nombre total d’utilisateurs inscrits, le 3^e plus gros en nombre d’utilisateurs actifs sur le dernier mois et le 1^er pod en nombre d’utilisateurs actifs sur les 6 derniers mois.

Pour un nouveau venu, il pourrait manquer des galeries photos proprement dites, un tchat ou des groupes, mais le développement est actif, et si l’idée d’un réseau social libre et décentralisé nous est chère on peut s’en passer. En attendant Diaspora fonctionne très bien et est agréable à utiliser. Même s’il n’y a pas tous vos amis il y a bien assez de contenu pour procrastiner (utilisez les tags, exemple : « #pictureoftheday »). Et, svp, pas besoin de marmonner que « ça sert à rien, y’a personne » : créez un compte, essayez, utilisez Diaspora* en parallèle de ce que vous voulez, invitez des amis, re-re-re-invitez des amis, créez des tags pour une activité que vous suivez assidûment et demandez d’inclure le lien vers Diaspora* à côté du lien vers Facebook dans la lettre de votre association : ça marche et ça intéresse !

Annexe : outils externes

Vidéo désopilante: si c’est gratuit, vous êtes le produit

 

À notre goût, il manque quand même de petites choses:

– le rappel que facebook connaît aussi notre navigation sur le web (les boutons “like”)
– les conséquences de la revente aux banques, assurances et cie
– un petit rappel que derrière Marc Zukker-truc il y a aussi et surtout d’insatiables investisseurs néolibéraux
– et bien sûr un mot sur d’autres manières de faire: logiciels libres, réseaux décentralisés, Diaspora (suivez-nous sur Diaspora) et cie

Tutanota, mail chiffré, libre et gratuit

Cela faisait un an que les allemands de Tutanota testaient en conditions réelles leur service de mail totalement chiffré, libre et gratuit (pour 1Go de stockage). Cette phase de test est officiellement terminée et validée depuis le 24 mars 2015. Ils ont profité de l’occasion pour dévoiler de nouvelles fonctionnalités:

  • nouveaux noms de domaine. On peut maintenant obtenir une adresse mail en tutanota.com, tuta.io, tutamail.com et keemail.me.
  • alias mail: chaque adresse mail a droit à un alias gratuit (cela permet d’avoir deux adresses à priori différentes, qu’on lit dans la même interface)
  • traduction de l’interface dans 20 langues

mise à jour 2017: nous ne listerons pas tous les autres services, mais voici néanmoins d’autres possibilités: Posteo.de, en Allemagne, email et agenda, 2Go de stockage pour 1€/mois, et Mailden.net, français, 30€/an pour 30Go de stockage, 50 alias mails. Les deux sont utilisables avec des clients mail type Mozilla Thunderbird, ce qui n’est pas le cas avec Tutanota ou Protonmail.

Pour rappel, Tutanota:

  • offre un service de mail 100% chiffré, depuis l’envoi du mail dans votre navigateur jusqu’au stockage sur leurs serveurs, à l’exception de quelques méta-données.
  • est un logiciel libre, déjà revu et testé par des experts en cryptographie (cf les sources)
  • est gratuit pour 1 Go de stockage
  • est une entreprise allemande, dont les données sont hébergées en Allemagne, qui obéit (obéira…) au droit allemand (dont nous ne connaissons pas les caractéristiques)
  • n’est pas utilisable avec le client mail Thunderbird, mais il existe une extension payante pour Outlook. Il est aussi possible d’être prévenu sur une autre adresse mail que l’on a reçu un mail.
  • propose des applis Android et iOS.

Tutanota est facile à utiliser: lorsqu’on envoie un mail à une autre adresse tutanota, on ne le voit pas mais tout est chiffré. Lorsqu’on veut envoyer un mail à un fournisseur de mail autre que tutanota, on peut choisir de chiffrer ou pas notre message. Si on souhaite le chiffrer, on choisi un mot de passe que l’on doit faire parvenir par un autre moyen à notre destinataire. Si on ne souhaite pas le chiffrer, on clique sur un bouton et on n’a rien d’autre à faire, le mail est envoyé comme d’habitude. Mais il n’est pas chiffré.

L’interface est assez simple mais elle offre peu de fonctionnalités utiles au quotidien, comme des filtres de messages ou une fonction de recherche. On devrait les voir apparaître les mois prochains.

Dans le même genre arrivent les suisses de Protonmail, mais chez eux les inscriptions ne sont pas encore ouvertes.

Si vous souhaitez un compte mail plus simple chez des acteurs respectueux, c’est également possible.

Le livret du libre mis à jour

Le livret du libre est une introduction au Libre accessible aux non-informaticien-nes que l’on peut trouver à l’adresse http://www.livretdulibre.org. Mais la dernière version date de 2005: elle est très datée. Je l’ai réactualisée et légèrement modifiée.

Ce document d’une vingtaine de pages aborde notamment :

  • Les origines et les bases éthiques et morales du Libre
  • Le Logiciel Libre et le copyleft
  • Les raisons pour lesquelles il faut préférer le Logiciel Libre
  • D’autres initiatives visant à diffuser la connaissance (art Libre, documentation Libre, etc …)
  • Les menaces sur la libre circulation de la connaissance (DMCA, brevets logiciels, …) [partie supprimée dans ma version]
  • Différents modèles économiques basés sur le Logiciel Libre
  • Diverses manières de participer au mouvement du Libre.

Ma version modifiée est uniquement disponible en pdf (clic droit-enregistrer sous) et les sources latex sont disponibles en ligne. Voici la liste des changements:

  • j’ai mis à jour les vieilles références (OpenOffice devient LibreOffice, OpenCD devient Framakey, la liste des distributions populaires change et ne contient plus les mortes, etc)
  • j’ai rajouté quelques points innocents (comment participer, tester en live usb, etc)
  • j’ai supprimé la liste des menaces car, bien qu’important, c’est une partie vite datée que je ne souhaite pas rédiger et mettre régulièrement à jour
  • j’ai supprimé un passage avec lequel je ne suis pas d’accord et que je trouve trop ingénu, c’est à dire l’ancienne phrase d’introduction: «Dans un certain idéal, la communauté scientifique n’aurait pour objectif que l’avancée de son domaine, sans avoir à tenir compte d’une application directe, en particulier mercantile.» À mon avis,  les avancées scientifiques se sont bien sûr d’abord faites en relation avec le monde, influencées par les applications directes. Ainsi Newton a accouché de la théorie de la relativité car il cherchait à résoudre le plus gros défi scientifique de son époque, induit par le commerce maritime en pleine expansion, qui était de trouver comment calculer la longitude en mer (problème qui fut résolu avec le chronomètre de John Harrison, charpentier de son état); Galilée doit beaucoup des ses inspirations à l’observation des expériences menées dans les arsenals; Fibonacci était un commerçant d’huile d’olive, etc. (Lire Clifford D. Conner, «une histoire populaire des sciences».) Et aujourd’hui, la science est plus que jamais imbriquée par des enjeux économiques et politiques (les avancées de l’atome en est un cas d’école). La communauté scientifique avancerait donc dans son domaine grâce aux enjeux mercantiles de son époque. Et sans parler des enjeux sociaux…
  • j’ai changé le gestionnaire de versions de svn à git et mis les sources sur gitorious (mais gitlab est bien mieux).

Une phrase de la brochure est très polémique. En effet, les trois distributions GNU/Linux que nous citons sont… LinuxMint, Ubuntu et Mageia. Heureusement, si vous n’êtes pas d’accord, vous avez les sources latex et les instructions à disposition pour produire votre propre brochure 😉

Bonne lecture.

 

Revue Réfractions n°32: entre techno et éco, quelle logique pour l’avenir ?

L’Histoire se déroule au sein de la rédaction de «Réfractions», solide trimestriel de «recherches et expressions anarchistes». Constatant l’emprise croissante des nouvelles technologies sur nos vies, les anars décident d’y consacrer leur numéro de printemps. Moins paresseux que la plupart des médias, qui n’abordent ces thèmes qu’on ressassant la formule cliché «Faut-il avoir peur de ?…» -des nanotechnologies, de la biologie de synthèse, des OGM (allongez la liste)-, comme si on n’avait le choix qu’entre l’adhésion sans réserve et l’effroi obscurantiste, nos anars se mettent à gamberger sérieusement. Ils constatent que, si chez eux personne «n’est dupe des illusions du capitalisme prétendument vert, qui en réalité s’autodétruirait s’il procédait à un véritable tournant écologique», ils ne sont pas d’accord entre eux.

D’un côté, ceux qui redoutent un avenir ultra-technologique qui renforcerait la puissance des aliénations déjà existantes, l’abêtissement publicitaire, l’addiction à la connexion permanente, le Big Brother amicalement consenti, type «Facebook», ou allègrement étatique, type NSA mâtinée d’Orange… De l’autre, ceux qui, certes, ont lu les grands classiques de la critique technicienne, d’Ellul à Charbonneau en passant par le collectif grenoblois Pièces et Mains d’œuvre, mais restent sceptiques. Ainsi Pablo Servigne: «Je ne crois pas à la matérialisation de cet avenir ultratechnologique.» Et d’affirmer qu’il ne se sent pas cornucopien pour un sou. Cornupi… quoi ?

Est cornucopien, selon lui, quiconque «vit dans le mythe de la corne d’abondance, selon lequel le progrès technique arrivera sans cesse à repousser les limites malthusiennes de la planète, propulsant l’humanité vers toujours plus de croissance, puisse-t-elle même être immatérielle ou culturelle». Et de passer aux aveux: il croit que l’avenir ultratechnologique n’a pas d’avenir. Fort de sa formation en agronomie, éthologie et écologie, et veillant, dit-il, à «entretenir un maximum de rigueur dans [s]es sources bibliographiques es [s]es raisonnements», il est persuadé que le système s’effondrera bientôt, et que la croissance ne reviendra plus jamais: «Oui, je suis devenu catastrophiste. cela me coûte de l’écrire tant cette posture est unanimement décriée et ridiculisée.» Alors, que faire ? Cultiver son jardin, tout commes ces marxistes attendant patiemment que se réalise la promesse de Marx, la fin du capitalisme, miné par ses contradictions ? A l’instar de nombreux mouvements dits de transition, Servigne invite à concevoir d’urgence /«des petites solutions autonomes et low-tech à une échelle maîtrisable par des petits communautés humaines sans grande puissance technique ni énergétique»/.

Certes, mais, si le système s’inventait de nouveaux gisements de croissance, en vrac, avec les nanotechnologies, la fusion nucléaire, la Sibérie devenue doux bocage grâce au réchauffement climatique, les fonds marins, dont même Mélenchon prône l’exploitation ? Si les cornucopiens avaient raison ? (A suivre)

Chronique de Jean-Luc Porquet, parue dans le Canard Enchainé du mercredi 11 juin 2014.

Jean-Luc Porquet est journaliste (d’abord passé par l’Institut Catholique des Arts et Métiers). Il tient une rubrique dans le Canard intitulée «Plouf!» qui traite de sujets écologiques, sociaux, humains ou altermondialistes ainsi qu’une rubrique de théâtre (wikipédia). Il a publié plusieurs ouvrages, dont on peut citer «Jacques Ellul, l’homme qui avait (presque) tout prévu», dont vous trouverez une introduction à ses idées dans:

Le numéro de Réfractions contient un texte du groupe Ippolita, que vous connaissez déjà pour leur livre «J’aime pas Facebook».

Pièces et Mains d’œuvre est un collectif grenoblois qui s’auto-qualifie de «néo-luddite». Souvent dérangeants, quelquefois pédants, ils sont toujours intéressants. (mais compléter avec les analyses encore plus larges du groupe Marcuse, dans «la liberté dans le coma»)

Les anciens numéros de la revue sont lisibles en ligne et les textes sont disponibles au format pdf.

En conclusion: achetez Réfractions (et/ou demandez-le à votre bibliothèque), et achetez le Canard !

 

Linphone, alternative à Skype (toutes plateformes)

Linphone est un logiciel (libre, évidemment) de téléphonie sur internet (en anglais, on dit Voice over Ip, soit VoIP). Il fonctionne sur Linux, Windows, MacOSX, sur ordiphones (iPhone, Android, BlackBerry), et il permet de:

  • passer des appels audios: entre des ordinateurs, depuis un ordinateur vers un vrai téléphone fixe ou mobile, ou bien à partir d’une ligne fixe.
  • passer des appels vidéos (et visio-conférences),
  • discuter par messagerie instantanée,
  • enregistrer les appels audios,
  • crypter les communications,
  • et d’autres choses encore.

Mise à jour: il existe un moyen on ne peut plus simple, qui ne demande aucune installation puisqu’il fonctionne directement dans le navigateur Firefox: Firefox Hello.

Les communications fonctionnent par peer-to-peer donc les informations ne circulent à travers aucun serveur centralisé (à l’inverse de Skype).

C’est donc une très belle alternative à Skype, au même titre que Jitsi ou Ekiga. D’ailleurs, ces trois logiciels utilisent la même façon de parler (ils utilisent le protocole SIP), ce qui les rend donc compatibles entre eux. Mais pas avec Skype.

Mise à jour septembre 2014: merci aux auteurs des commentaires qui nous apprennent l’existence du site subrosa.io, qui permet des visioconférences sans rien installer sur son ordinateur. C’est également un logiciel libre. Une inscription est requise.

Et depuis le 12 septembre et sa version 0.8, le projet de réseau social Movim permet la visioconférence ! Plus d’infos dans une dépêche un peu technique.

1.1 Quelques mots sur Skype

En effet, Skype utilise son propre protocole de communication. Il n’est pas un logiciel libre. Ses sources ne sont pas disponibles, donc encore moins modifiables et distribuables librement.

Par conséquent personne à part l’entreprise propriétaire ne sait comment «parler avec Skype» ni ne peut savoir ce que fait véritableent le logiciel lorsque vous l’utilisez. Personne ne le savait jusqu’à ce que des hackers informatique l’étudient. Ils l’ont isolé dans une boîte et ont observé toutes les communications qui y entraient et sortaient. Ils ont ainsi pu observer que lorsque l’on démarre Skype, celui-ci va fouiller dans les informations privées du navigateur firefox (marques pages, noms d’utilisateurs, mots de passe, etc) et en envoie certaines à Microsoft.

Rappellons-nous également ce qu’Edward Snowden a mis on ne peut mieux en lumière, que les grosses sociétés des NTIC (Google, Microsoft, Facebook, Yahoo, Apple etc) offraient l’accès à leurs bases de données à la NSA ainsi que des moyens techniques leur facilitant une intrusion à distance (portes dérobées).

Même si «on n’a rien à se reprocher», on devrait se sentir concernés. Car cela a des conséquences très concrètes pour vous, pour nous. Nous ne voulons pas utiliser des téléphones qui nous écoutent les écouter, des livres qui nous observent les lire, bref des outils informatiques qui nous espionnent au quotidien.

1.2 Installation

Sous Debian/Mint/Ubuntu linux, Linphone est disponible dans le gestionnaire de logiciels. En ligne de commandes c’est facile:

sudo apt-get install linphone

Pour Windows, la page de téléchargement est ici:
https://www.linphone.org/eng/download/packages/linphone-3.7.0.html

Pour d’autres plateformes: https://www.linphone.org/eng/download/packages/

1.3 Usage

Donc, comment ça marche ? Il suffit de se créer une adresse SIP (par exemple ici) et de la rentrer dans le logiciel, puis d’appeller votre correspondant sur la sienne.

1.4 Support commercial

Linphone est développé par la société Belledonne-Communications qui propose des services commerciaux autour de ce logiciel. Le service est un des modèles économiques autour des logiciels libres.

1.5 Comparaison avec Jitsi et Ekiga

Nous ne pouvons pas vous le dire pour le moment car nous manquons de possibilités de tests ! (et vous ?) mais d’après des avis lus sur le site linux-fr, celui-là serait le meilleur.

À vous de convaincre votre prochain interlocuteur de tenter l’expérience !

Et si vous aimez les nouveautés, alors vous devriez surveiller de près le projet Tox.

Quelques liens:

 

Agenda, documents partagés et plus avec Kune

Kune, une collection d’outils libres, distribués et faciles à utiliser pour s’organiser.

Table of Contents

Quand un groupe de personnes souhaite travailler ensemble, ils commencent certainement par créer un groupe sur Facebook ou Google Group. Lorsqu’ils veulent communiquer sur ce qu’ils font, ils utilisent WordPress ou Blogger. S’ils veulent partager des fichiers, ils créent un compte Dropbox; pour se faire de la publicité ils utilisent Facebook ou Twitter, pour leur gallerie photos ce sera Picasa, et Youtube ou Vimeo pour leurs vidéos. S’ils veulent écrire des documents à plusieurs, ils utilisent Google Docs, et certainement Google Agenda. Et pour lier le tout, ils utilisent quotidiennement le mail (avec leurs comptes Gmail, Yahoo ou Hotmail). Tous ces services sont commerciaux, non libres, centralisés, bourrés de publicité… et nous le savons: si on ne paye pas, c’est que nous sommes le produit.

 Il arrive qu’un groupe refuse d’utiliser ces outils commerciaux et demande à des techniciens (c’est à dire… des geeks) de les aider à utiliser des outils libres. Et le groupe devient dépendant de quelqu’un. La configuration d’une mailing liste avec mailman demande des compétences techniques, alors que tout le monde peut utiliser Google Group. Il y a un clair problème d’usabilité. Nous avons besoin d’outils libres qui puissent remplacer tous ceux cités plus haut, mais qui soient aussi faciles à utiliser. Kune a la prétention d’être un de ces outils.

1.1 Fonctionnalités

Kune (qui veut dire «ensemble» en espéranto) permet à un groupe de:

  • communiquer (par messagerie, par liste de discussion et par tchat compatible avec Gmail/Jabber), –
  • partager ou éditer collaborativement des documents,
  • partager un agenda (compatible avec Thundebird et d’autres),
  • créer une gallerie de photos, vidéos, cartes et autres,
  • partager une liste de tâches,
  • créer un wiki, un «doodle»,
  • proposer des échanges de biens ou services,
  • créer son blog ou son site (bientôt),

On peut le voir comme une alternative à Google Docs, Google Agenda, Dropbox, au mail, à Facebook, à Flickr, Picasa, Youtube et à WordPress !

Vous bouillez d’impatience ? Allez créer un compte sur http://www.kune.cc, c’est instantané (il n’est même pas obligatoire de confirmer le mail demandé). Kune.cc est un «nœud» du réseau, maintenu par ses créateurs.

agenda partagé sur kune

confirmer sa venue sur l’agenda partagé

Kune est donc un site web, que chacun peut installer. Mais Kune forme un réseau car chaque utilisateur qui s’est inscrit sur un site du réseau Kune peut communiquer et travailler avec n’importe quel autre utilisateur et groupe, même s’il s’est inscrit via un autre site (cela fonctionne à la manière des emails). Kune est donc un réseau distribué, et c’est un logiciel libre, ces deux conditions garantissant l’indépendance des utilisateurs et la résistance intrinsèque à la censure.

Kune est basé sur Apache Wave, anciennement Google Wave, dont nous vous rappelerons l’existence dans un instant.

1.2 Quelques tests

Kune est très facile d’usage. On trouve rapidement quatre espaces sur le site:

  • la page d’accueil de son nœud (kune.cc). On y crée des groupes (des projets), on y voit l’activité de ses groupes,…
  • la boite de réception. On y récupère les messages de notification de l’activité.
  • la page du groupe, où l’on peut créer tous les documents (sélectionner le groupe est un peu moins visible mais on fini par le trouver)
  • et enfin, l’espace public, où l’on pourra avoir un apperçu de notre site ou de notre blog (cette fonctionnalité est en développement)

Notre petite déception est que la gallerie de photos est une blague: elle est basée sur Picasa ou Flickr (oui, il faut rentrer un nom d’utilisateur de Picasa ou de Flickr). De plus elle ne marche pas actuellement. Même chose pour l’inclusion de vidéos: on inclu des vidéos de youtube… (heureusement, MediaGoblin arrive)

Les wikis ne sont également pas de vrais wikis. C’est un document que toute personne (de Kune.cc) peut éditer, au lieu des menbres du groupe pour les documents.

Enfin, le fait que l’interface repose exclusivement sur du JavaScript ne plait pas à notre version de Firefox (26.0). Il y a quelques gadgets que nous ne pouvons pas voir (tels que la gallerie ou le détail d’un évènement du calendrier).

Sinon, le reste rempli ses promesses ! Les documents, le calendrier, les listes de discussions, les listes de tâches, le tchat sont pleinement opérationnels !

1.3 Historique du projet

Kune est un projet, espagnol à l’origine, actif depuis 2002. Ses créateurs géraient la plateforme OurProject.org (qui fourni(ssait?) hébergement de sites, mailing listes etc), et étaient embêtés que cela recquiert tant de compétences techniques. D’où cet effort. Kune est dans sa phase «Beta»: ses créateurs le considèrent assez stable et complet pour être utilisé quotidiennement par des utilisateurs «lambdas», mais pas assez mature pour être utile à de plus grosses organisations comme le Forum Social Mondial, qui a déjà exprimé son intérêt envers Kune.

1.4 Aspects techniques

Kune est installable avec un paquet debian
Kune est écrit en GWT (Google Web Toolkit), c’est une «single page application» qui repose sur des requêtes javascript asynchrones (Ajax).
Kune peut être étendu par des extensions et par des «gadgets» qu’il est possible d’écrire en python, javascript et java. Kune n’implémente pas la fédération avec OpenID, OAuth ou OStatus comme Lorea/n-1, mais avec le Wave Federation Protocol (une extension du protocole XMPP), en utilisant Apache Wave, le nouveau nom de Google Wave. Google Wave a été lancé en 2010 et a été fermé 2 ans plus tard.
Kune vit sur gitorious mais dispose d’un mirroir sur github. Le développement est actif.

Pour rappel, Google Wave ressemblait à ceci: http://www.organicdesign.co.nz/Wave, http://fr.wikipedia.org/wiki/Google_Wave

on trouve des revues de l’époque : http://www.zdnet.com/blog/hinchcliffe/first-impressions-of-google-wave/560

et des essais d’explication de l’échec: http://readwrite.com/2010/08/04/google-waves-demise-has-its-up#awesm=~osha1sU9CcK8wb et ici http://readwrite.com/2010/08/04/google_wave_is_dead#awesm=~oshb9XUpQwWCLc

L’explication simple de l’interface trop fouillée nous semble bonne…

1.5 Comparaison avec Lorea/n-1 et Crabgrass

Kune ressemble beaucoup à Lorea/n-1 et à Crabgrass.

Crabgrass n’est cependant pas un réseau fédéré, mais reste très utile à l’organisation de groupes (stockage et édition de documents, etc), et nous aimons son interface habituelle: c’est du html. Il ne possède pas d’agenda partagé.

n-1 et Kune sont plus similaires. D’après ses créateurs, Kune met l’accent sur la collaboration interactive: n-1 permet l’écriture collaboration de pads (etherpad), mais ils sont juste du texte, et demandent un peu d’administration pour leur création, alors que les documents de Kune peuvent contenir de la mise en page riche, des images, des vidéos, etc. À étudier.

En tous les cas, voici un beau projet à faire connaître et à surveiller attentivement !

Comment la ville de Munich est passée de Microsoft aux logiciels libres

La ville de Munich est en passe de donner la touche finale à un projet de migration de leur parc informatique, commencé il y a 10 ans, qui consiste à remplacer les outils Microsoft par GNU/Linux et des logiciels libres en général.  La visite de Steve Ballmer en personne, le PDG de Microsoft, n’a pas suffi à infléchir le maire de la troisième plus grande ville d’Allemagne.

(traduction «libre» de http://www.techrepublic.com/article/how-munich-rejected-steve-ballmer-and-kicked-microsoft-out-of-the-city/)

Le conseil municipal déclare avoir ainsi économisé 10 millions d’euros (un chiffre évidemment contesté par Microsoft). Mais là n’était pas l’objectif principal, explique Peter Hofmann, l’homme en charge du projet. L’objectif était de devenir indépendants.
«C’est la cause d’échec de nombreux projets libres, remarque Hofmann. S’ils sont motivés uniquement par l’aspect financier et que l’organisation obtient plus de fonds ou que quelqu’un dit que « les calculs sont faux », alors la motivation disparait. Cela n’a jamais été l’objectif principale du projet de la ville de Munich. Notre premier objectif était de devenir indépendants.»

Munich a l’habitude d’aller son propre chemin. La ville gère ses propres écoles et est une des rares villes socialiste de Bavière.
Devenir indépendant signifiait se libérer de logiciels «fermés» et propriétaires, plus précisément du système d’exploitation Microsoft Windows NT et de la suite bureautique Microsoft Office, ainsi que d’un ensemble d’autres technologies non libres sur lesquelles reposait l’infrastructure informatique de la ville en 2002.

Mais ce projet est aussi la conséquence de problèmes pratiques.  Munich était confrontée à un problème début 2002: il leur fallait dans tous les cas mettre à jour leur parc informatique car le support officiel de Windows NT, le système d’exploitation des 14 000 machines du personnel, allait expirer, et il leur fallait du même coup migrer vers la nouvelle version de la suite bureautique Microsoft Office. La municipalité a donc commandé un  rapport comparant  les  migrations vers  le  (à l’époque)  nouveau Windows XP et la nouvelle suite  Office, ou vers un système GNU/Linux, la suite OpenOffice et d’autres logiciels libres.

En plus d’être dépendante des mises à jour de windows, ils se rendaient compte être chaque année plus liés à l’écosystème de Microsoft, dit Hofmann.  «Windows est passé d’un système d’exploitation focalisé sur le PC, comme l’était Windows 3.11, à une entière infrastructure. Lorsqu’on reste avec Microsoft il est de plus en plus difficile de changer son infrastructure».

La mairie a donc jugé que passer aux logiciels libres était la meilleure solution, principalement parce que cela la libérait de la dépendance d’un revendeur unique, et parce qu’elle s’assurait la compatibilité future de sa technologie grâce aux formats et protocoles ouverts.

L’évocation de la perte d’un si gros client (et des autres organisations potentiellement suivant son mouvement) a incité Microsoft à monter une dernière campagne pour le ramener dans son giron. Le mot d’ordre d’un chef des ventes à ce moment-là était «ne pas perdre contre Linux, sous AUCUN prétexte». Steve Ballmer, le PDG de Microsoft lui-même, a interrompu ses vacances au ski pour faire une nouvelle offre commerciale, en mars 2003, suivie deux mois plus tard d’une baisse de plusieurs millions d’euros sur le prix de Windows et Office.

Ce lobbying n’a pas porté, et en juin 2004 la mairie donnait son feu vert pour amorcer la migration de Windows NT et Office 97/2000 vers un système d’exploitation GNU/Linux (basé sur Ubuntu LTS), une version personnalisée d’OpenOffice ainsi qu’un ensemble d’autres logiciels libres, tels que le navigateur web Mozilla Firefox, le client mail Mozilla Thunderbird ou le logiciel de retouche d’images Gimp.  Le projet LiMux commençait, d’après le nom de leur système personnalisé.

Le projet LiMux était plus qu’une simple transition et il s’est révélé plus complexe que prévu.  Cette complexité était exacerbée par la manière dont l’informatique était géré: 22 départements s’occupaient de différentes parties de l’infrastructure et chacun avait des logiciels et des architectures différentes.  C’était «un énorme zoo», d’autant plus qu’on ne savait pas identifier de manière précise les dépendances matérielles et les besoins logiciels.

L’objectif de terminer en 2011 a dû être revu à la hausse. Munich a trouvé trop long de gérer les problèmes matériels rencontrés au cas par cas, impossibles à prévoir sans l’état des lieux de leur parc informatique.  Ils ont donc choisi de standardiser le processus.  Afin de contrôler les tests nécessaires et les versions logicielles, ils ont inventorié l’infrastructure et les besoins de chaque département.  La nature du projet a donc changée.  «Nous n’avions jamais prévu une migration éclair, explique Hofmann.  Nous avions prévu une migration lente dès le début, menant le développement de notre client LiMux en parrallèle». Et l’accent mis sur la qualité a rajouté quelques années de travail.

Le temps nécessaire au projet est une des multiples critiques formulées par Microsoft.  Selon un rapport produit par HP pour la firme de Redmond, cette dernière aurait pu conduire la migration au rythme de 50 à 500 PCs par jour, au lieu des 8 quotidiens qu’on attribuait communément à LiMux.  Pour autant, d’après Hofmann, c’est cette migration lente et sûre qui permit au projet de rester dans son budget. Ils ont fini en octobre 2013, avec plus de 14 800 machines passées à LiMux et plus de 15 000 à OpenOffice.

L’équipe informatique a dû faire face à une myriade de challenges techniques pour interfacer correctement ce qui utilisait des formats et protocoles propriétaires avec les formats ouverts. Par exemple, une grosse proportion de macros pour Microsoft Office était écrite en Visual Basic (le format propriétaire de Microsoft), tandis que que certains utilisateurs dépendaient d’extensions spécifiques à Internet Explorer.  La municipalité utilisait plus de 300 logiciels de bureautique classiques et 170 applications spécifiques (allant d’infrastructures informatiques aux macros liées à Microsoft Office).  Le portage de ces applications vers LiMux a donc coûté 200 000 € de plus qu’un changement de version de Windows. À comparer avec 6,8 millions d’euros qu’ils disent avoir économisé l’année dernière pour ne pas avoir dû changer de version de Windows et Office.
Aujourd’hui, 90% de ces applications ont été portées sous LiMux, et les restantes sont accessibles comme applications web (à travers de serveurs terminaux ou à l’aide de virtualisation).

Les utilisateurs se plaignent régulièrement de (à vos paris !)  certaines incompatibilités entre OpenOffice et Microsoft Office, utilisé par le «monde extérieur». Certaines polices de caractère, certains tableaux ou images ne s’affichent pas tout à fait pareil. «Nous pensions en commençant que d’autres organisations nous suivraient, mais ce n’est clairement pas facile», note Peter Hofmann. Ils espèrent donc résoudre ces problèmes en faisant passer leurs utilisateurs de OpenOffice à LibreOffice. De plus, ils se sont alliés avec les villes de Freiburg et de Vienne (Autriche) pour payer des mises à jour à LibreOffice afin d’améliorer l’inter-opérabilité.  Freiburg, d’ailleurs, a abandonné l’année dernière son propre plan de migration aux logiciels libres, arguant que cela lui aurait coûté 250 € par machine pour résoudre les problèmes d’inter-opérabilité.

C’est pour cela que Hofmann met en guarde contre le fait de justifier une migration uniquement par des arguments économiques.  De plus, les coûts finaux seront connus fin 2013, mais déjà en août Munich disait que la migration complète lui avait coûté 23 millions d’euros, alors que cela leur en aurait coûté 34 de passer à Windows 7 et à la nouvelle version d’Office; par ailleurs l’étendue de la durée de vie de leurs PCs grâce à LiMux leur aurait fait économiser 4,6 millions d’euros l’année dernière.  De plus, le travail d’uniformisation de leur infrastructure aurait été nécessaire à un moment donné quelque soit le système d’exploitation, dit Hofmann.

Après l’installation, la formation.  Et la municipalité estime que former ses agents aux nouveaux outils lui aurait coûté la même chose avec n’importe quel système (soit 1,69 million). Mais l’avantage d’OpenOffice, d’après Hofmann, est qu’il ressemble de plus près à leur ancienne version d’Office.

C’est une équipe de 25 personnes qui développe leur propre version d’Ubuntu GNU/Linux et fournit l’assistance technique. Bien que plus de gens s’occupent de l’administration quotidienne des machines, le chiffre est bien éloigné de celui de 1 000 personnes avancé par le rapport d’HP pour Microsoft. Quant au support des technologies libres, ils travaillent avec les communautés existantes (Ubuntu, KDE, LibreOffice).  «Si vous êtes un utilisateur avec un simple contrat d’assitance, vous n’avez pas votre mot à dire sur la manière dont les choses sont faites dans Ubuntu ou LibreOffice.  Cela devient possible quand vous travaillez avec la communauté».

Maintenant que la migration vers LiMux est terminée, Munich prévoit de continuer à développer LiMux et continue d’intégrer les changements effectués à Ubuntu LTS (Long Term Support), et ils continuent de changer un outil propriétaire quand ils peuvent.

Hofmann ne voit aucune raison pour laquelle la municipalité reviendrait un jour en arrière. «On a vu dès le début que lorsque vous ne vous reposez que sur un seul acteur pour gérer toute votre installation informatique, vous êtes lié, dépendant de lui. Vous devez faire ce qu’il vous dit de faire. S’ils disent « le support pour votre suite bureautique est terminé », alors vous devez acheter la nouvelle version. Vous ne pouvez plus prendre ce genre de décision vous-même».

Il espère que Munich sera un exemple pour d’autres organisations. Un exemple qui dit que oui, même si c’est un processus long et difficile, passer aux logiciels libres est faisable sans pour autant jeter son installation actuelle.  «C’est la meilleure chose que vous puissiez faire», conclut-il.

 

edit: puisqu’on est en Allemagne, notons que la ville de Gummersbach a achevé sa migration de 300 postes vers la distribution SUSE Linux (source). Mais on ne listera pas toutes les migrations du monde !