En septembre 2012 est sorti «J’aime pas Facebook», le nouveau livre du groupe Ippolita, aux éditions Payot. Ippolita est un groupe italien de recherche interdisciplinaire qui rassemble des compétences diverses, de la philosophie à l’informatique. Ils ont déjà sorti «La face cachée de google» en 2008, qui est trouvable dans toutes les bonnes librairies pour la modique somme de 19,50€ ainsi qu’en libre téléchargement sur leur site, sous licence Creative Commons CC-BY-NC-SA (paternité-pas d’usage commercial-partage à l’identique)1.
En attendant que nous revenions en faire une critique, voici la présentation de la 4e de couverture :
«Facebook est un dispositif hors du commun, capable de faire du profit à partir du moindre des mouvements que nous effectuons sur sa plateforme. Il nous fait croire que nous sommes en train de nous distraire : en réalité, il nous met au travail pour développer un nouveau type de marché : le commerce relationnel.
Facebook, comme tous les instruments privés de réseaux sociaux, n’est ni libre ni désintéressé : nous, tilisateurs, sommes la valeur à échanger.
Ippolita fait une incursion dans les coulisses de Facebook et analyse les théories des libertariens aliforniens – faisant apparaître le fil conducteur qui relie Facebook et Wikileaks et révélant les effets des algorithmes utilisés pour la publicité ciblée par les géants du profilage en ligne (Facebook, Apple, Google, Amazon…). »
Certains d’entre vous l’ont-ils déjà lu et le recommandent-ils? Que vous a-t-il apporté ?
edit : je l’ai lu. Je le recommande chaudement à celles et ceux qui veulent aller plus loin dans leur réflexion, mais je ne le ferais pas forcément lire à mes ami-es, car il faut s’être posé pas mal de questions déjà pour apprécier toutes leurs recherches.
Le livre est composé de trois parties :
1. «J’ai mille amis mais je ne connais personne» : dynamiques sociales : homophilie et voyeurisme, dynamiques psychologiques, public et privé : ontologie et indentité,…
2. «Le projet libertarien à la conquête du monde : réseau social, hacking, militantisme et politique institutionnelle». Le darwinisme technologique : de Paypal Mafia à Facebook, l’esprit hacker et la peste anarcho-capitaliste : une affinité de longue date ?, les partis pirates : la technologie en politique,…
3. «les libertés du réseau». révolution en ligne et militantisme de salon, Orwell, Huxley et le modèle sino-américain, la participation de masse,…
La première partie est celle où on peut connaître le plus de choses, sauf qu’eux sortent des recherches en sociologie et philosophie pour en parler, et surtout construisent un argumentaire. Ce qu’on peut difficilement faire en lisant des nouvelles éparses sur des blogs. Malgré les termes abscons introduits, la lecture est fluide.
La seconde partie est celle que j’ai trouvé la plus intéressante car elle met en relation avec «un œil de haut niveau» plusieurs acteurs du «web 2.0», Facebook, Google, Paypal, Wikileaks et d’autres.
Un mot pour finir et qui concerne surtout la dernière partie, c’est que j’aurais aimé qu’ils évoquent d’autres manières de faire et les discutent, mais il y en a très peu. Ils évoquent le réseau n-1 et duckduckgo et introduisent le mot «décentralisé» pour la première fois à la page 91. Mais, certes, ce n’est pas leur propos.
Ainsi je conseille fortement cette lecture (avec notre brochure en complément 😉 ) car oui, ce livre apporte beaucoup de choses en plus de nos lectures en ligne.
(fin edit)
Nous trouvons peu de critiques sur le web, mais j’ai trouvé intéressant l’interview d’un membre d’Ippolita par le journal belge lalibre.be. Extraits :
«La pression à « s’autoprofiler » mène à la transparence radicale, une tendance très dangereuse de délégation envers les outils technologiques. WikiLeaks ne fait pas autre chose avec les gouvernements. Ses montagnes d’informations sont du voyeurisme de masse qui génère une insensibilité de masse. Cela n’aide pas la démocratie qui ne découle pas automatiquement de la publication des donnés. Le projet libertarien de « liberté marchande » est d’autant plus dangereux que les mêmes algorithmes peuvent être utilisés aussi bien pour améliorer la publicité personnalisée, et donc la consommation personnalisée, que pour renforcer la censure personnalisée et la répression personnalisée»
«L’intérêt d’un livre comme celui d’Ippolita est d’éveiller les gens sur le fait que toute action est potentiellement médiatisable dans notre univers. Mais pourquoi diaboliser Facebook à ce point ? La presse aime haïr cet acteur.»
«cela reste un service gratuit qui a nécessité des développements considérables. En contrepartie, il existe peut-être des partis pris financiers ou idéologiques. Mais l’utilisateur reste libre d’être sur Facebook ou pas. »
Bonne lecture !
«J’aime pas Facebook», éditions Payot, 20€, 304 pages.
Site de l’éditeur :
http://www.payot-rivages.net/livre_J-aime-pas-FacebookIppolita_ean13_9782228907828.html
Site de Ippolita : http://www.ippolita.net/fr/jaime-pas-facebook
À propos de « La face cachée de google », si tu mentionnes la licence, il vaudrait mieux le faire en entier : sous Creative Commons ça ne veut rien dire, il y a plusieurs variantes. Ce livre est sous CC-BY-NC-SA, une lience CC non libre.
C’est pas faux, je viens de compléter merci.
Cette licence CC permet de partager et d’adapter l’œuvre… et tu dis qu’elle est non libre ?!
Non, elle n’est pas libre parce que ça interdit les usages commerciaux, c’est assumé par Creative Commons, qui recommandent plutôt les CC-BY et CC-BY-SA pour les œuvres libres.
Creative Commons est un projet certainement pas libertaire: on n’est pas fan. Mais on n’a pas d’autre moyens niveau lois pour faire passer notre idée de partage. On écrit: on n’est pas des avocats. Avez-vous jamais essayé de publier chez un éditeur? Les plus petits sont les plus incapables de comprendre le copyleft. Tous nos éditeurs ont accepté des licences qui intègrent un très haut niveau de liberté par rapport au copyright. Cette idée du « commercial » des CC est très bonne… pour les fan du libre marché à tout prix. Mais de toute façon, a notre avis, « libre » est un concept plus articulé qu’une licence. Et ce qui est vraiment important c’est en fait que nos livres circulent sans que cela soit un délit de les copier (voir EUCD-DMCA). Il faut dire juste cela: copier les livres sous copyright est un délit; Ippolita veut le souligner, avec cette ou autre choix de licence.
J’ai lu et j’ai beaucoup apprécié. Cependant j’ai le même reproche à lui faire que toi, un manque de présentation d’alternatives possibles, d’autres voies et surtout comment faire sans ces poids lourds ? Pour la petite histoire j’ai trouvé ce bouquin dans la médiathèque de mon petit patelin, contre toute attente. Je ne l’ai donc pas acheté.
Personnellement, pour témoigner un peu, je me suis désinscrit complètement de FB au moins 3 fois, pour tenter diverses alternatives qui ne m’ont pas satisfaites ou qui ne fonctionnaient pas à l’époque (*Diaspora, Movin,…) pour faire un bout de route avec TheChangeBook qui, sauf d’être positionné politiquement présente à mon avis une bonne partie des problèmes que présente FB, notamment du fait qu’il soit centralisé. Je suis revenu à FB du coup, je dirais Hélas, j’avoue y trouver en ce moment de quoi élargir ma culture musicale mais voilà, je me pose encore la question, pourquoi je veux tellement communiquer ? Pourquoi je suis attiré par ce truc ? Il y a des réponses dans le bouquin et cela me trouble !